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Lorsqu'on essaie d'appréhender la Science dans son intégralité, on est vite pris de vertige. Comment passe-t-on du sable (silice) au circuit électronique, à l'ordinateur ? Comment passe-t-on des molécules d'air à la musique ?
Les tenants de la création divine de l'univers demandent au scientifique comment on a pu passer des quelques atomes d'hydrogène et d'hélium présents initialement à la tour Eiffel, comment le tas de sable a pu devenir un bâtiment.
En fait, il est pour ainsi dire impossible d'expliquer le plus complexe directement à partir du plus simple, par exemple expliquer les principes de l'harmonie musicale en considérant uniquement les collisions entre molécules d'air.
Afin de bâtir une vision cohérente du monde, on est amené à définir de plus en plus de concepts intermédiaires, chaque concept étant à la fois le résultat d'une théorie scientifique et la base d'une autre théorie. Par exemple, le mouvement des molécules d'air sert à expliquer la notion de pression par la théorie de la thermodynamique, et la notion de pression conduit à celle d'ondes acoustiques. Mais les molécules d'air elles-mêmes sont composées d'atomes liés entre eux (chimie), ces atomes étant formés d'un noyau et d'électrons, etc.
La figure qui suit montre à titre d'exemple un empilement très synthétique et pas du tout exhaustif de divers domaines de la Science, avec un sommet un peu provocateur, dans la mesure où il laisse entendre que la conscience pourrait être issue de l'informatique (Intelligence Artificielle), et pas seulement de la vie. La flèche en retour renverse la vision scientifique pour adopter une vision plus philosophique, dans laquelle la conscience est le matériau de base de toute réflexion, dont la réflexion scientifique, et donc à la fois sommet et base.
Cette découpe, qui peut être affinée selon les besoins, permet de garder une vision synthétique claire du monde complexe qui nous entoure, tout en en comprenant les mécanismes plus fins. On ne peut pas prétendre bien entendu à une connaissance universelle, une vie entière ne suffirait pas à prendre connaissance de la somme des savoirs accumulés. On peut cependant avoir une bonne approche de chacun de ces sujets, les grands principes scientifiques pouvant généralement être avantageusement résumés avec des mots simples et les équations laissées aux spécialistes.
Le non-scientifique pourra en rester à cette vision synthétique, qui lui permettra de comprendre dans ses grandes lignes le monde qui l'entoure. Le scientifique, quant à lui, choisira un domaine dans lequel il approfondira de plus en plus ses connaissances. Cependant, la complexité de la Science est aujourd'hui telle que même certains domaines sont incompréhensibles au profane, même au niveau le plus synthétique ; il suffit de lire le titre de certaines thèses pour s'en persuader rapidement.
Le véritable problème risque de résider dans les limitations humaines elles-mêmes, si un jour le temps nécessaire pour assimiler les concepts nécessaires à un travail correct dans un domaine devient prohibitif, ne laissant plus le temps nécessaire au travail lui-même.
Une nouvelle approche deviendra alors nécessaire pour continuer à progresser. Nous n'en sommes heureusement encore pas là.
Hervé Jamet
Août 2003
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