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La théorie néo-darwinienne de la sélection naturelle et de l'évolution des espèces est aujourd'hui largement acceptée dans le monde, si on excepte quelques irréductibles qui continuent à vouloir interpréter la Bible à la lettre. Le Vatican lui-même a admis les théories scientifiques permettant d'expliquer le Monde, depuis le Big-Bang jusqu'à nos jours, en passant par l'évolution des espèces.
Longtemps, la théorie de la fixité des espèces a dominé, soutenue par l'Eglise catholique qui s'appuyait sur la Bible pour dire que toutes les espèces avaient été créées par Dieu lors de la Genèse. Cependant, la découverte des fossiles mettait cette affirmation en porte-à-faux. De plus, on constata bien vite que plus les fossiles étaient situés dans des strates profondes (donc a priori anciennes), moins leur structure était développée. Il devenait donc nécessaire d'admettre que la vie avait évolué au cours du temps.
Une fois l'évolution admise, il fallait en trouver un mécanisme plausible. Jean-Baptiste de Lamarck, le premier, suggéra que de petites modifications acquises par un organisme se transmettaient à ses descendants. Par exemple, la girafe aurait acquis son long cou au cours des générations, à force de s'efforcer d'atteindre les feuilles situées en hauteur sur les arbres. Cependant, aucune expérimentation ne réussit à prouver cette théorie, des souris auxquelles on avait coupé la queue donnaient toujours naissance à des souris dont la queue était intacte.
En1858, Darwin publia sa fameuse théorie de la sélection naturelle. Le principe tient en quelques points :
Pour reprendre l'exemple de la girafe, certaines naissent naturellement avec un cou plus long que d'autres, et auront plus de facilité à accéder à la nourriture ; elles vivront donc statistiquement plus longtemps, et seront plus robustes, car mieux nourries, et auront donc une descendance plus nombreuse que les autres.
Cependant, la théorie de l'évolution par sélection naturelle ne prendra sa forme actuelle que lorsqu'on lui aura adjoint, plus tard, la génétique et la biologie (notamment la structure de l'ADN), qui fournissent les mécanismes de transmission des caractères, mais aussi ceux de l'émergence de nouveaux caractères, par l'intermédiaire de mutations.
Les grands principes de cette théorie n'ont jamais été remis en cause, même si elle évolue, elle aussi. Le monde moderne est de plus en plus confronté aux conséquences de cette théorie, sur le plan médical. En effet, on constate une diminution constante de l'efficacité des antibiotiques sur les microbes, à cause de l'apparition de nouvelles souches résistantes. Et il devient à peu près évident que l'apparition de ces souches résistantes est due en grande partie à l'abus d'antibiotiques, qui accélère le mécanisme de la sélection chez ces microbes.
En effet, sans antibiotique, rien ne distingue un microbe mutant d'un autre, il est perdu dans la masse. L'utilisation de l'antibiotique ne laisse survivre que le mutant, qui peut alors se reproduire sans concurrence.
Certains ont essayé de détourner la théorie de la sélection naturelle pour justifier des pratiques douteuses, telles l'eugénisme. Il faut bien comprendre que cette théorie, comme toute théorie, n'a pour but que de fournir des explications, et non de se substituer à une morale ou de justifier des actes que l'éthique réprouve.
Il est vrai que la théorie ne s'applique plus à l'homme ; en effet, une des caractéristiques de l'homme est la notion de solidarité, qui a fait très tôt que l'homme, contrairement aux autres animaux, n'abandonnait pas les plus faibles aux prédateurs. Cette solidarité s'est peu à peu renforcée, pour arriver à compenser une grande partie des handicaps dont la nature a affecté certains, et neutraliser en grande partie le mécanisme de sélection, ou du moins d'en changer les critères, l'adaptation aux conditions naturelles étant alors remplacée par l'adaptation dans la société.
Cependant, nos origines animales permettent d'expliquer un certain nombre de nos comportements, du moins en partie. La soif de pouvoir, par exemple, rappelle irrésistiblement le comportement de nombreux animaux vivant en groupe, avec leurs mâles dominants et les luttes d'autres mâles pour les remplacer.
Cependant, l'intelligence de l'homme lui permet de surmonter ses instincts animaux, pour les remplacer par des valeurs éthiques et morales. Reste à espérer qu'il y ait encore de nombreux progrès dans ce domaine.
Hervé Jamet
Août 2003
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