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Nous sommes tous égaux devant la mort. Le vieillissement est inéluctable, même s'il ne se produit pas au même rythme pour tous.
Vieillissement et mort nous font généralement peur, et nous nous posons souvent la question de la cause du vieillissement, et de la mort. Ces phénomènes sont souvent vus comme signe de notre imperfection, notre corps est considéré comme un bâtiment que le temps transforme petit à petit en ruine.
Rien n'est plus inexact comme vision. La mort n'est que la conséquence implacablement logique de la vie des organismes multicellulaires.
L'immortalité existe-t-elle dans la nature ? la réponse est OUI !
Par immortalité, nous entendons bien entendu l'immortalité dans des conditions nominales d'environnement. Placés dans des conditions défavorables, tout organisme vivant meurt, même si certains présentent une résistance tout à fait étonnante.
Alors, pourquoi mourrons-nous ?
Plusieurs réponses peuvent être fournies. La première, la plus facile à comprendre, est que la mort est de toutes façons obligatoire pour que la vie puisse continuer. Il est évident qu'un organisme ne peut pas se répliquer à l'infini sans mourir. Si les hommes étaient immortels, ils seraient obligés de stopper les naissances pour maintenir le niveau de la population à un niveau acceptable, sous peine de mourir de faim (l'autre alternative serait de tuer des gens pour pouvoir renouveler la population, par exemple par des guerres incessantes).
L'autre réponse, un peu plus technique, remet largement en cause notre statut d'animal supérieur. Lorsqu'on se demande comment et pourquoi les organismes unicellulaires sont devenus multicellulaires lors de l'évolution, la réponse la plus vraisemblable est qu'ils ont commencé à élaborer des petites structures temporaires pour faciliter la reproduction. Ces petites structures n'avaient d'autre utilité que cette reproduction, et mourraient par la suite, une fois leur rôle joué.
Nous retrouvons ce schéma chez les organismes évolués, comme par exemple l'homme ; le premier stade de la différentiation, chez l'embryon, est celle qui sépare le futur animal du placenta, ce dernier disparaissant lors de la naissance. Et on a découvert que le développement embryonnaire procédait beaucoup par mort programmée de cellules pour sculpter le futur organisme. Et par la suite, d'innombrables cellules n'arrêtent pas de mourir, remplacée par des neuves, par exemple pour la peau.
Des exemples extrêmes viennent illustrer cette réponse. D'un côté, des organismes capables de vivre très vieux, les arbres, mais aussi des tortues, et d'un autre côté, des animaux mourrant juste après avoir procréé, par exemple certains papillons, ou, plus spectaculaire, les saumons, qui après avoir remonté les cours d'eau et pondu leurs oeufs, se mettent à vieillir de manière accélérée et meurent rapidement.
Pour résumer cette réponse, les organismes multicellulaires, hommes compris, ne sont jamais que des mécanismes sophistiqués permettant à des gamètes de se reproduire.
Il faut bien entendu tempérer cette interprétation empreinte d'anthropomorphisme. En effet, cet état de fait est apparu par le simple fait des mécanismes de la sélection naturelle, et non, bien entendu d'une volonté consciente de gamètes désireux de se reproduire au mieux.
Chez les organismes multicellulaires, le vieillissement est le résultat d'une dégradation des gènes des cellules au fur et à mesure de leur division (perte progressive des télomères), conduisant inéluctablement à des dysfonctionnements, puis à la mort. Seules les cellules reproductrices sont épargnées par ce phénomène.
Il est donc illusoire de rêver d'immortalité. L'écrivain de Science-Fiction René Barjavel avait écrit un roman sur un virus contagieux dont le seul effet était de rendre le "malade" immortel. La solution trouvée dans le roman avait été d'isoler strictement les malades, pour finalement détruire l'île où ils avaient été confinés lorsque certains avaient voulu s'échapper, afin d'éviter une catastrophe majeure pour l'humanité.
Par ailleurs, on peut se demander si notre cerveau ne finirait pas par saturer si nous vivions vraiment très longtemps, nous rendant incapables d'apprendre, incapables de prendre la nouveauté en compte, pour finir complètement gâteux.
Bref, nous n'avons qu'une vie, relativement brève. La seule immortalité dont nous pouvons disposer, c'est ce que nous laisserons derrière nous, nos descendants bien entendu, mais également nos réalisations et nos oeuvres.
Hervé Jamet
Août 2003
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